Contexte

Dans le cadre du projet européen That’s Clear!, cofinancé par Erasmus+ Jeunesse, Les Apprimeurs ont conçu et testé un atelier autour de la communication inclusive et du langage clair avec un groupe de jeunes accompagnés par la Mission de lutte contre le décrochage scolaire. Ce projet vise à rendre les informations plus accessibles aux jeunes marginalisés, notamment ceux confrontés à des difficultés de lecture, en situation de handicap cognitif, ou allophones.

Cette session a été coanimée par Aaron, 17 ans, en réorientation scolaire et stagiaire chez Les Apprimeurs. Il a participé à la création de l’atelier, produit les supports (cartes, quiz, profils) et a apporté un regard jeune et concerné sur les obstacles à la compréhension dans la vie quotidienne.

Un contexte de fracture informationnelle

Les chiffres sont sans appel : 4 % des Français sont en situation d’illettrisme, 6 à 8 % ont des troubles dys, 20 % de jeunes allophones supplémentaires arrivent chaque année dans les établissements scolaires, et 1 personne sur 1 000 est aveugle. Sans parler des millions de jeunes en situation de stress, de mal-être, ou de surcharge cognitive.

Pour ces jeunes, comprendre un courrier de la CAF, une fiche métier, ou une brochure sur la santé mentale peut devenir un parcours du combattant. Loin d’être marginale, cette réalité touche aussi les professionnels qui les accompagnent.

Un atelier testé avec des jeunes en décrochage scolaire

Le 12 mai 2025, un atelier intitulé « Mieux comprendre pour mieux participer » a été testé avec un groupe de 8 jeunes accompagnés par la MLDS. L’objectif ? Vivre l’expérience concrète d’une communication inaccessible, décortiquer les impacts de cette incompréhension, et imaginer ensemble des solutions plus inclusives.

Parmi les activités phares :

  • Un débat mouvant pour faire émerger les représentations sur l’accessibilité, les stéréotypes et le droit à comprendre.
  • Un défi en groupe autour de documents réels : lettres de la CAF, fiches de prévention santé, brochures administratives… que les jeunes ont jugés « illisibles », « trop longs », « pas faits pour nous ».
  • Un quiz des idées fausses sur le handicap, l’accessibilité et la langue des signes, qui a permis de déconstruire des préjugés et valoriser les innovations accessibles.
  • Un cas pratique créatif, où les jeunes ont reformulé à l’oral et en BD des documents jugés complexes.

Des retours sans appel

Leurs retours ont été directs :

  • « Pourquoi on nous fait lire ça si personne ne comprend ? »
  • « Y a trop d’infos d’un coup, c’est stressant. »
  • « Les mots sont trop compliqués. »
  • « Faut que ce soit plus court, plus clair, avec des dessins. »

Au-delà des critiques, les jeunes ont montré une grande capacité à proposer des solutions concrètes : simplification, visuels, exemples concrets, tonalité plus bienveillante… et surtout : « penser à nous quand vous écrivez ».

Conclusion

Cet atelier a permis d’ouvrir un espace de dialogue entre jeunes sur des expériences souvent tues : l’incompréhension, le sentiment d’exclusion, la peur de demander de l’aide. Il a aussi mis en lumière le pouvoir de l’accessibilité comme levier de dignité et de participation.

Merci à Aaron pour son implication, son regard, et son envie de transmettre. D’autres ateliers sont prévus dans les mois à venir, en lien avec les partenaires du projet That’s Clear!.