Nous sommes allées à la rencontre du PIA au Lycée Aristide Briand de Saint-Nazaire, afin de tester avec les élèves notre atelier « Pictodyssée » qui s’inscrit dans le développement du projet européen « Plural Words », visant à créer des ressources et des ateliers s’appuyant sur la Communication Alternative et Améliorée (CAA).
Le PIA est un dispositif qui accueille des jeunes allophones primo arrivants et qui a pour objectif de faire accéder ce public à la maîtrise de la langue (orale et écrite), d’élaborer un projet professionnel individualisé et d’intégrer un parcours de formation.
Le groupe qui nous a accueillies est grand débutant en français.
PICTODYSSÉE
« Pictodyssée » est une adaptation d’un épisode de L’Odyssée, où l’on trouve Ulysse et ses compagnons aux prises avec le cyclope Polyphème. Il y est question de ruse, de caverne, de moutons, de gros caillou et de malédiction divine.
Le projet a été pensé pour que des personnes ayant un accès difficile à la lecture, à l’expression et/ou à la langue française, pour des raisons diverses (handicap, troubles cognitifs, illettrisme, allophonie…), puissent néanmoins s’emparer d’une histoire, la comprendre et la raconter à leur manière. Dans la continuité de la ligne des Apprimeurs, nous pensons que toute personne peut accéder à la lecture et l’expression, dès lors qu’on lui donne les outils et les moyens de raconter une histoire.
Pour ce faire, Les Apprimeurs ont conçu :
- un leporello (livre-accordéon) d’une taille (tout à fait raisonnable) de 15m de longueur
- un livret qui raconte l’histoire phrase par phrase en pictogrammes (additionné d’un mode d’emploi et un lexique)

PRISE EN MAIN ET DÉROULÉ
Pour cette séance, nous étions accompagnées de Yesim Tekbas, professeure de Français Langue Étrangère du PIA, et de Fanny Ofiala-Robin, bibliothécaire à la médiathèque de Saint-Nazaire.
L’idée est de proposer à l’équipe pédagogique du PIA et à la médiathèque de s’emparer de l’outil et de la formule d’animation d’atelier afin d’en faire usage en autonomie par la suite. La présence d’une bibliothécaire était également l’occasion de créer un lien entre le PIA et la médiathèque de Saint-Nazaire, pour inviter les élèves et l’équipe pédagogique à user de ce lieu et des ressources qu’il offre.

Nous avons débuté la séance par une présentation de la chaîne du livre, des métiers qui la constituent et des méthodes de création d’histoires et de fabrication de livres. Si le format « classique » des livres est bien familier, celui du leporello géant et sans texte a plutôt surpris… !
Les élèves ont été invité·es à se déplacer le long du leporello pour appréhender ce format inhabituel. Iels y ont découvert une histoire entièrement illustrée en noir et blanc, sans texte et sans ellipse (les illustrations s’enchaînent en continu, du début à la fin du récit).
Nous avons ensuite constitué trois petits groupes auxquels nous avons proposé de raconter une partie de l’histoire (début, milieu, fin). Pour aider les élèves dans cet exercice, nous leur avons remis le livret de pictogrammes. L’usage de traducteurs en ligne était tout à fait autorisé mais a été peu exploité par les élèves, qui préféraient échanger en groupe et avec les animatrices pour trouver les mots qui leur manquaient parfois.


L’étape suivante a été de mettre en commun, à l’oral, les interprétations des segments de cette Odyssée. Chaque groupe a ainsi découvert les deux autres parties de l’histoire, telles que comprises par leurs camarades. Les élèves ont ainsi recréé une histoire complète et ont pu ajuster leur compréhension du récit.
Nous leur avons ensuite proposé de refaire l’exercice en suivant l’enchaînement des images sur le leporello géant, pour qu’iels se rendent compte de leur capacité à recréer un récit en commun.
RESSENTIS ET PERSPECTIVES
Si les élèves ont été un peu étonné·es par le format du leporello et l’enchaînement des images, sans texte, iels n’ont néanmoins pas été découragé·es et se sont très vite lancé·es dans l’interprétation du récit, en groupe.
L’Odyssée est un socle relativement commun, et certain·es ont très vite reconnu Ulysse et le cyclope Polyphème, ce qui a facilité la compréhension du récit.
Nous avons constaté que le récit en image, additionné du livret de pictogrammes, laissent une grande liberté dans l’interprétation de l’histoire et encouragent les élèves à s’emparer du récit pour le raconter à leur manière.
Nous avons invité les élèves à enregistrer leur version de l’histoire dans leur propre langue afin de collecter leur version et imaginer, par la suite, de proposer à des personnes francophones de tenter l’expérience de raconter l’histoire dans une langue non connue et/ou non maîtrisée. À suivre !
Découvrez le projet et les ressources de « Plural Words » ici !