Le 10 octobre est la date choisie par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour “sensibiliser aux problèmes de santé mentale dans le monde et mobiliser les efforts en faveur de la santé mentale”. C’est aussi l’occasion pour chaque pays de réfléchir à sa propre situation, à ce qui a été fait et à ce qui doit être amélioré afin de garantir à tous les mêmes conditions de santé et de bien-être. La France en fait-elle assez pour sa population ? Et qu’en est-il des jeunes, dont l’état de santé mentale s’est dégradé à cause de la pandémie ?

Données en main

L’Agence nationale de santé publique française réalise un bulletin hebdomadaire afin de surveiller les conditions de santé mentale de la population en France (1). Selon les dernières données (octobre 2023), les pensées suicidaires chez les adolescents de 11 à 24 ans ont globalement augmenté par rapport à la même période en 2020 et 2022, avec un pic de +93% de passages aux urgences à la mi-septembre, lors de la rentrée scolaire. Quant aux troubles anxieux et dépressifs, ils ont également augmenté au cours de la même période (+176% pour les 11-17 ans et +18% pour les 18-24 ans, soit +212 et +58 consultations par rapport à la semaine précédente). En outre, en 2023, les données relatives aux troubles dépressifs sont nettement plus élevées pour les personnes âgées de 18 à 24 ans que les années précédentes (2). En résumé, trois ans après le début de la pandémie de Covid-19, la santé mentale continue d’être un problème grave pour la population française et en particulier pour les jeunes.

D’où vient le problème ? 

Plusieurs facteurs sont à prendre en compte :

  • la désinformation : en 2021, Ipsos a mené une étude pour comprendre l’impact de la pandémie de Covid-19 sur les jeunes. Il s’est avéré que les adolescents étaient préoccupés par leur santé mentale, mais que seulement 46 % d’entre eux étaient informés de ce qu’il fallait faire en cas de besoin (3).
  • la stigmatisation : les troubles de la santé mentale sont encore largement stigmatisés. Les personnes qui en souffrent sont souvent isolées du reste de la société et considérées comme bizarres ou folles. La situation est encore plus compliquée pour les adolescents, qui se définissent par leur appartenance à un groupe de pairs et sont constamment exposés au processus décourageant et déroutant de la croissance physique et psychologique. Cela les amène à éviter de demander de l’aide ou même d’admettre qu’ils ont un problème. 
  • la multiculturalité : La France est un pays multiculturel. Cela signifie que les familles et les parents peuvent avoir des approches différentes (voire opposées) des questions de santé mentale. 
  • les inégalités et les coûts élevés : les différences de statut économique et les coûts élevés des services, en plus des difficultés administratives, peuvent dissuader les jeunes de chercher de l’aide.

Bonne nouvelle : vous n’êtes pas seul !

Heureusement, il existe en France plusieurs services et opportunités liés à la santé mentale. Ils ont des objectifs et des centres d’intérêt différents, mais ils travaillent tous dans la même direction : sensibiliser le public et mettre fin à la stigmatisation qui entoure les troubles de la santé mentale.

DEMANDER DE L’AIDE

Les jeunes à la recherche d’une aide immédiate peuvent contacter le service d’assistance téléphonique mis en place par Fil Santé Jeunes (numéro : 0 800 235 236). L’équipe est composée de professionnels tels que des psychologues, des éducateurs, des médecins et des travailleurs sociaux et vise à aider les jeunes âgés de 12 à 25 ans qui sont confrontés à des problèmes mentaux ou qui cherchent des réponses sur différents sujets (sexe, drogues, relations amoureuses…). La ligne d’assistance est joignable tous les jours de 9 heures à 23 heures, même par les jeunes malentendants. Il y a aussi la Nightline, qui est une ligne téléphonique de nuit ou un chat (jusqu’à 2h30 du matin) animé par des bénévoles, ainsi que d’autres services. Nightline offre également un service aux étudiants pour les aider à trouver le soutien psychologique gratuit le plus proche dans différentes langues.

Les lieux d’aide psychologique sont les suivants :

Les Maisons des adolescents (MDA), centres d’accueil pour les jeunes de 11 à 21 ans répartis sur l’ensemble du territoire national. L’accueil est anonyme, gratuit et sans rendez-vous et s’adresse également aux parents.

Point Accueil Ecoute Jeunes (PAEJ), complémentaire des Maisons des Adolescents ;

Consultations Jeunes Consommateurs, pour ceux qui sont confrontés à une toxicomanie ;

Bureau d’Aide Psychologique Universitaire (BAPU), gratuit pour les étudiants universitaires munis d’une carte d’étudiant et d’un numéro de sécurité sociale.
Enfin, Santé Psy Jeunes est un site web destiné aux personnes qui ont besoin de trouver un centre d’intervention précoce.

ÉDUQUEZ-VOUS 

La santé mentale concerne tout le monde, et pas seulement les personnes qui souffrent de troubles. C’est pourquoi il est essentiel que tout le monde soit informé à ce sujet. Premiers secours en santé mentale (PSSM) est un programme de formation civique destiné aux personnes qui souhaitent devenir secouristes en santé mentale (il existe une formation spécifique pour les animateurs de jeunesse). Sur le site de PSSM France, vous pouvez notamment trouver des cahiers d’informations utiles contenant des bonnes pratiques pour faire face à différents types de troubles mentaux (dépression, pensées suicidaires, psychose, crise de panique, etc.) En outre, le site Psycom offre un large éventail d’informations et d’outils sur les thèmes et les tabous liés à la santé mentale.

ÉLARGISSEZ VOS HORIZONS

Si vous souhaitez en savoir plus sur la santé mentale, il existe également une autre occasion stimulante de le faire. Il s’agit du Festival Facettes, un événement annuel créé par l’association Innovation citoyenne en santé mentale. Il représente une occasion de parler de santé mentale dans un environnement festif et créatif. La deuxième édition a eu lieu les 30 septembre et 1er octobre 2023 à Paris et a vu la participation de diverses personnes et associations actives dans le domaine de la santé mentale. Au programme : discours, expositions, jeux de table, séances de tatouage, danse-thérapie, musique, théâtre, ateliers, jeux de rôle, etc.

Envie d’en découvrir plus ? Un nouveau projet voit le jour !

Breaking Taboos about mental health (Briser les tabous sur la santé mentale) est un projet européen créé pour démanteler les stéréotypes sur la santé mentale chez les jeunes. Pour ce faire, nous travaillons sur plusieurs outils (un kit de prévention, des guides, un quiz et des bandes dessinées interactives) destinés aux animateurs de jeunesse et aux adolescents de différents pays et cultures. Nous pensons que si la santé mentale est un problème mondial, elle doit être considérée comme une priorité partout, par tout le monde et pour tout le monde.

Sources

(1) Ces analyses sont basées sur les données relatives au nombre de visites aux urgences pour tentatives de suicide, dépression ou troubles anxieux, ainsi que sur les consultations de SOS Médecins, les bulletins nationaux mensuels et les mises à jour régionales : https://www.santepubliquefrance.fr/les-actualites/2022/sante-mentale-des-enfants-et-adolescents-un-suivi-renforce-et-une-prevention-sur-mesure

(2) file:///Users/giulia.castelli/Downloads/bulletin_sante%20mentale_20231004.pdf 

(3) https://www.ipsos.com/fr-fr/la-sante-mentale-des-18-24-ans-plus-que-preoccupante